Chronologie inversée pendant la traversée - mise à jour tous les jours (sauf mauvaise synchro entre Cypraea et Laurian).
Équipage : Bernard, Aurélien, Camille
Arrivée à Pornic
Cam et Aurel discute avec Laurian, notre routeur
Samedi 24 juillet,
Cette nuit c'est slalom entre les bateaux de pêche. Dernier levé de soleil en mer, et dernier jour de navigation. Le frigo est vide, quelle justesse dans la gestion de nos provisions !
Tribord amure petite largue voir travers avec une pointe à 8,15n. Toute la côte se dessine peu à peu. Au petit matin, une fois Belle île en vue, nous relâchons notre pigeon clandestin. Ça y est nous sentons la Bretagne, l'activité s'intensifie, des voiliers de tous les côtés... Et certains de courses voguant jusqu'à 25n avec ce vent
. Ce midi c'est bisque de laugoustes (maison péchées à Antigua par Bern en confinement) , Maigre (notre dernier paquet sous-vide) , riz et Champagne.. Enfin bubulles.. ! Une dernière fois on se lèche les doigts, les assiettes et les casseroles avant le retour aux bonnes manières terriennes.
Dernier récurage de pont, cockpit, hublots ... Ce soir on reçoit sur Cypraea ! On trace depuis cette nuit, pas en dessous de 6n! La côte est belle !
Dans quelques heures nous pourrons débarquer de notre démarche chaloupée et trinquer à cet équipage merveilleux, à cette expérience formidable, à notre navire, à nos souvenirs, à nos rigolades, à nos ventres bien pleins, au beurre demi-sel, aux puffins, à la mer évidemment, au vent, à la lune et au sextant, aux cétacés, est-ce assez ? ... À notre rencontre tout simplement. Car on ne se croise pas par hasard, et chacun d'entre nous, repartira avec un peu de l'autre dans son cœur et surtout beaucoup d'amour.
Merci matelots. Merci pour tout ! Ce fut un honneur de servir à vos côtés. Nous aurons parcourus 4488 milles depuius la Guadeloupe..
Cam depuis Cypraea,
47°N06' 02°W07'
Vendredi 23 juillet,
Entre l'épluchage de légumes, la visite de la famille dauphins avec le petit bébé et le gros papi, et l'autoroute des cargos... On ne s'ennuie pas dès l'aube sur Cypraea. On croise à la perpendiculaire les cargos Playmobil et leur milliers de container (estimé à 3000 d'après nos calculs) .
8h, le repas de midi est déjà préparé. Comme nous sommes au moteur, nous en profitons pour un petit film: L'agence.. A 13h nous passons enfin sur le fuseau horaire de Paris... Déjà 14h donc. Avant de manger on éteint le moteur, génois, grand voile, trinquette tribord amure. On vogue à 7n! Mezzé de salades: concombre menthe, carotte pomme gingembre ananas, choux soja... c'est léger, c'est crudité ! 15h, sieste.
La veille est permanente, car nous en croisons du bateau. Vu: très forte activité d'oiseaux ! Pour se rendre jusqu'à la proue c'est session « acrobout» entre la retenue de bôme, l'écoute de trinquette, de génois, de grand voile, les amarres de l'annexe, la randonnée n'est plus si facile pour atteindre la proue...
17h, pendant le cours d'épissures & surliures, c'est un gros pigeon qui vient se poser sur le taud. Pas farouche pour un sous.. Pendant un instant, on se demande s'il n'a pas un message pour nous... Ah non il est bagué.. Il commence à bruiner... L'oiseau n'a pas du tout l'intention de nous lâcher. Il se promène sur pont. Mais vu qu'il chie partout, nous tentons d'abord de le chasser, Aurel tente une imitation de crie de pufffin et s'agite sur le pont... En vain. On décide donc de le mettre dans un seau, couvert, pour qu'il reste protégé la nuit et qu'une fois terre en vue, qu'il retourne chez lui de ses propres ailes... L'arche de Cypraea.. .
*musique de cirque* paaaa pap pappap badada pap pap* bienvenue au fabuleux cirque Cypraea ! Ce soir, À 20h30 dans votre mer, le merveilleux équipage du Cypraea vous ravira ! Attention dernière représentation ! Ne manquez pas son fantastique spectacle galactique ! Baleines venez nombreuses, entrée gratuite pour les baleineaux, offre spéciale plancton gratuit pour les premiers arrivés. Cet Ovni n'est à manquer sous aucun prétexte. Venez découvrir, Aurel au bras d'acier, Ber au dressage d'arbuste & Cam l'enchanteuse d'enrouleur de ligne fluorescente *paaaa pap pappap badada pap pap*.
Ce soir c'est saucisse, lentille et au lit. Dès 23h on commence à voir clignoter les différents phares de la côte Bretonne. « terre en vue » notre terre-ter.
130 mn en 24h., 5,41n de moyenne. Dernières nuit en mer !
Jeudi 22 juillet,
3h30, changement de quart, Cam n'a pas sommeil sachant l'arrivée proche. A 4h, Aurel&Cam tentent d'appeler les baleines en langage Dori. Et c'est aux aurores, à notre grande surprise, je dirais même plus à notre plus grand émerveillement qu'une dizaine de globicephales se dirigent vers Cypraea. Venant de différentes directions, comme un point de rdv. Ce spectacle intense ne dure que quelques minutes, et mais émouvantes minutes. Aperçu : Fou, pétrel Fulmar, & évent de baleine au loin.
Réveil de Ber à 6h, pendant sa veille nous nous lançons dans une recette de mousse au chocolat. Pour économiser le gaz, nous décidons d'expérimenter une étuves dans la marche où se trouve le moteur (37°) pour faire fondre le chocolat et réchauffer les œufs. En attendant c'est film: Good Morning England. Il est 10h, la mousse est en pot, nous pouvons nous reposer de cette nuit blanche.
13h, Ber nous concocte une salade de tomates accompagnée de sa galette de poisson curry (pain de poisson finalement cuit à la poêle). Nous sommes vent travers mais ne marchons qu'à 4n... Il semblerait que les courants soient contraires. Après manger on finit de lustrer les chandeliers&balcon avant.
Ça bruime, la Bretagne approche, nous espérons arriver samedi soir pour boire un pot avec la famille de Ber et surtout l'anniversaire d'Izia !
Ce soir c'est soupe à l'oignon, Aurel innove une technique pour gratiner le fromage à la poêle, telle des tostinettes sur papier cuisson. Un régale, surtout le papier.
Séance de cinéma
Aperçues quelques étoiles filantes et météorites durant le quart d'Aurel.
En 24h, 130mn. Moyenne à 5,4n.
Mercredi 22 juillet,
Plus que 380 mn avant l'arrivée. La mer est de nouveau bien bleue, les éléments sont avec nous, le soleil nous guette du coin de l'œil et les nuages malicieux rodent aux alentours. Nous sommes sur des rails depuis hier, même cap, même vent.
Au levé du soleil , les garçons ont observé les premiers Fous (qui, d'après la couleur de leur plumage et le guide des oiseaux, correspondraient à des Fous de Bassan juvéniles). Ils se laissent d'ailleurs attirer par notre ligne, et manquent de se faire prendre à l'hameçon.
Fou de bassan
L'après-midi est studieuse chacun son bouquin c'est club lecture sur Cypraea. Ber a enfin terminé ses 1000 pages contant « l'histoire du 19ème SIECLE » (Ken Follett).
Aujourd'hui les dauphins nous ont réservé un spectacle tout particulier, une dizaines d'entre eux sautent dans tous les sens à la proue. Nous avions identifié la « torpille 180»,« salto rebondi »,« vrille 360», « vrille en binôme », « jvous montre mon ventre », « saut de baleine anti-parasite » (mon préféré ! Debout sur ses nageoires arrière, il fait un gros plat du ventre), « le saut papouilles à plusieurs », « puis le fameux saut de crêpe ou également appelé vrille 180». Un 20/20 du jury ébahi !
Ce soir, c'est fondue de poireau, riz, poisson au beurre. Vu qu'il nous reste plus que quelques jours, nous avons planifié les derniers repas. Ber prends toujours autant soin de ses mascottes, il les sort et rentre chaque jour.
Pas de couché du soleil, ni d'étoiles, c'est gris. Puis on met 1h de moteur pour recharger les batteries. Cette nuit on fait des pointes à 7n, avec grand voile, génois tangonné et trinquette. Grand largue tribord.
137 milles en 24h
Mardi 21 juillet,
Avec nos quarts décalés, on se réveille tard et il est très vite midi avant qu'on ait eu le temps de dire ouf. Avant de manger Ber&Aurel procèdent au transfert de gasoil. Depuis les Açores on a à peine consommé 80L! D'ailleurs aujourd'hui, navigation qu'à la voile, grand largue, tribord, 132mn en 24h! Belle moyenne à 5,5n.
Ber se lance dans notre salade préférée: la piémontaise et sa mayonnaise ! Après-midi activités manuelles avec la confection de jouets DIY pour les petits enfants (Thomas et Izia).
Longue vue de pirate pour Thomas
La mer est calme, l'eau retrouve un bleu légèrement vert profond, le soleil nous accompagne, et le vent aussi finalement ! Vu: deux queues de baleine, dauphins et notre premier poisson lune ! J'entends les garçons « - Reste combien de plaquettes de beurre ? - 3 ! - Une par jour donc... » Nous sommes rassurés. Notre repas favoris ce soir: embeurrées de saucisses aux choux.
À 22h, c'est dans la jupe, le regard un peu nostalgique que nous regardons le coucher du soleil à la poupe. Nos quatre derniers jours ensemble sur Cypraea.
La nuit enlève son manteau nuageux pour le quart de Cam ! Toujours aussi émerveillée par cette immensité. Un bateau « à manœuvrabilité réduite » nous tara-biscotte pendant une heure et nous oblige à nous dérouter.
Lundi 20 juillet,
Techniquement notre dernière semaine de navigation. L'eau a repris un vert bleu plutôt émeraude. Elle change de robe tous les jours...
Matinée en cuisine pour Cam et Aurel brique le pont. Depuis ce matin, malgré l'absence de vent, le ciel est radieux et le soleil brille, ce qui donne du cœur à l'ouvrage pour nos moussaillons. A 12h, on replie carrément le bimini pour profiter des rayons et on sort la table vu qu'on est relativement stable au moteur. Entrée miniardise de pizza, pain de poisson et sa mayo maison safranée, sashimi&coco suivis de crudités sucrés salés, pour finir sur un fondant au chocolat (incroyable qu'il ait tenu deux jours me direz-vous...). Les matelot.e.s profitent de cette belle journée pour faire quelques lessives et surtout se lancer au grand ménage.
Toujours au moteur, avec un cap au 103°, nous avons tout de même sortie grand voile et génois, tribord amure. Attendant patiemment que le vent fléchisse.
Après sa sieste le capitaine fait bronzette, il tombe même le t-shirt, tel un lézard torse-nu au soleil. Pendant que l'équipage s'attelle à décaper la cambuse, lustrer les cloisons, récurer les latrines et même frotter les hublots. Ça brille !
Ce soir c'est wok décomposé: fondue de courgette, omelette et nouilles soja sésame. Miam ! Finie l'impression de solitude, nous sommes sur l'autoroute des cargos pétroliers et porte-contener qui partent de l'Europe vers les Amériques. Tous font route parallèle.
Pour clôturer ce lundi, séance de cinéma dans le carré : Master and Commander's, avec un son de qualité et surtout une installation 4D, on y ressent la gîte et même les embruns avec le hublot ouvert! Évidemment nous restons tout de même de garde et observons avec la longue vue de Thomas, si un cargo pirate ne traine pas à l'horizon.
Après le film, on observe depuis le cockpit un satellite rapide et bien brillant, serait-ce la Station Spatiale Internationale ? Elle fait le tour de la terre en 90 minutes, vous imaginez ? Du coup on commence nos quarts à 00h. C'est la nouvelle lune, la houle s'est bien calmée, c'est plat. 2h, on coupe le moteur, et on grimpe à 6n!
En 24h, 104mn moyenne à 4,3n. A la fin de mon quart, reste 600mn avant destination finale !
Dimanche 19 juillet,
Depuis les Açores, nous avons de nouveaux compagnons de route, la salle de bain fait office de jardin d'hivers et Ber s'occupe bien de ses deux petits... On met deux lignes pour deux froid plus de prises ? We will see...
Pour le cap, on maintient Nord Est (45°) avec grand voile et génois, grand largue. Et on s'en sort pas trop mal ! En tout cas on s'épargne du moteur car dès 8h on l'éteint.
C'est dimanche, les cuisines s'activent assez tôt sur Cypraea. Cam les regardent bien emmitouflée dans sa couette depuis sa couchette. Au programme : pain de barracuda, pizza et fondant au chocolat !
À 11h, on décide d'ajouter une heure (heure de Londres). L'apéritif commence donc vers 13h et paf 14h, une belle pêche de 50cm et bien dodue, un poisson mystère mais sommes toutes délicieux (on hésite Merlu, Bar... Il ressemble à la Bourse, mais impossible à nos latitudes). Les lignes s'emmêlent, ça occupe notre Ber, pendant qu'Aurel garnie la pizz' et gère les cuissons du four.
En fait, ça doit être un maigre
15h30, on commencerait pas par le fondant ? Suggère Ber. L'équipage ne dément pas. En tout cas un vrai repas de dimanche, celui où tu sors tard de table avec le ventre bien rond et la sieste latente.
Fondant au chocolat et pizza fait par Aurel
Les gars se reposent pendant que Cam veille depuis la proue, et par chance salue un cachalot à 10m...il fait la taille du bateau « grosse forme noire à bâbord » ! La mer est carrément verte, verte, verte. Étrange. Le soleil est là et les nuages ont fuient... Nous allons traverser l'anticyclone. Cap 90° direction PORNIIIC TOUTE !
Ce soir c'est léger, quelques sashimi et soupe de vermicelle qui réchauffe car vent arrière en fin de journée.. Ça glace le nez ! Nos quarts démarrent à 22h30, et c'est une merveilleuse nuit étoilées qui nous attend. 1h, on rentre les voiles et moteur. Ça sent la veille des étoiles filantes sur le pont !
Samedi 18 juillet,
Un levé de soleil flamboyant. Le ciel est complètement rouge. Pour ne pas manquer au tableau, les dauphins se joignent au spectacle. Malgré la température glaciale, Cam se lance à l'avant prendre quelques photos, elle revient chaussettes mouillées...
Ber est tranquille ce matin, lecture et sudoku. Puis il se lance dans une des fameuses recettes de cette transat « barracuda, curry, ananas, coco », un plat chaud ça fait du bien car nous portons tous au moins 3 à 4 couches de vêtements. Finis les nus pieds, sinon c'est le nez qui va couler !
Bâbord amure, génois et grand voile, au près, cap au Nord Est entre 30° & 70°, vu comme les vents changent constamment. Longue (dizaine de mètres), large (3m de creux) et lente houle agréable, berce les esprits. On ne lit plus l'horizon mais le sommet des vagues primaires à l'infini.
Observation du jour : Pétrel Fulmar, malgré leur plumage gris et blanc ils ressemblent à nos puffins cendrés dans leurs regards narquois du coin de l'œil, tel de vieux loups de mer dédaigneux, leur manquerait qu'une pipe en bois dans l'bec à ceux-là.
Wuaaa il devient difficile de se chauffer au soleil.. Ce soir c'est Cam au hachis parmentier* (avec les restes de notre Osso Buco&viande haché). Nous conjuguons donc au subjonctif nous aussi, ainsi que nous suçassions nos doigts zé nos assiettes. Le ciel est couvert uniformément comme le couvercle d'une cocotte minute.. On a déjà dit qu'il faisait froid ? Les nuits tardent à arriver et les nuages nous empêchent de regarder le soleil se coucher. Seuls quelques rayons angéliques percent vers la mer.
Ber & Cam sortent les couettes.... On rigole plus, faudrait pas arriver malade. Dans la nuit, quelques constellations se découvrent avec parcimonie, une grande ours par ici, une casiopée par là. Demain nouvelle lune, ni plancton phosphorescent à la surface, ni toute autre forme de vie dans cette nuit encrément nuageuse.
2h on met le moteur, rentre le génois.. Il paraît que ça va durer 48h, le temps de traverser ce satané cœur d'anticyclone. En 24h, 134mn. Moyenne à 5,6n.
*Attention toute fois, avec le four à bien enlever la plaque du bas.
Vendredi 17 juillet,
Le soleil se lève à 6h30, toujours apaisant de voir cette grosse boule rouge décimer ses rayons petit à petit dans les nuages, roses un instant, qui se reflètent dans l'eau. Une fois levé, impossible de le regarder dans les yeux, sa lumière transperce.
Aujourd'hui, on change d'ambiance, l'eau est 'verte Cypraea' ... Et elle passe a 15°. Une large houle nous fait giter tel un cétacé un peu lent, mais nous surfons sur les vagues. Toutes voiles dehors on fait des pointes à 7n, plein Nord !
Aurel plus motivé que jamais décape Cypraea intérieur extérieur. La zone est parsemée de puffins cendrés, depuis les Açores on en avait jamais vu autant (40) réunis, on passe à côté d'un groupe en chasse, ça plonge, virevolte, piaille...
L'après-midi est studieuse pour Aurel et ses traductions d'espagnol, Cam sudoke... Jusqu'à se faire subrepticement éjecter dans le cockpit à cause d'une houle de plus en plus insistante. De larges creux de 2m déferlent à l'arrière de la jupe.
Nous dépassons la latitude de Pornic ! Visiblement on commence déjà à avoir une bonne météo bretonne, c'est tout gris, ça crachouille une pluie légère, de quoi commencer à nous acl-irmat(*)-er, on met les cirés !
C'est Ber qui nous fait la lecture du chapitre «tempête» de Coloane, les matelot.e.s sont assis.e.s sages comme des images pour l'écouter.
L'heure d'écrire les mails est venue, heureusement que nous avons à bord un dictionnaire Scrabble car nous bloquons sur les conjugaisons du subjonctif... Et vous, que sussiez vous de celles-ci ?
Les dauphins téméraires nous accompagnent encore.
D'après les grib le vent va tourner de sud ouest à pleins nord, nous détangonons et enroulons la trinquette.
L'heure de réchauffer notre Osso Bucco bien juteux avec une bonne plâtrée de nouilles, encore meilleur qu'hier, rien de mieux pour réchauffer les estomacs et les cœurs !
Le vent tourne en quelques minutes... On passe de grand largue au près, toujours bâbord amure, cap au 0°.
Il est 21h05, l'humidité est de 99,99% et nous voguons à travers 180° de nuages blancs cassés comme si nous étions dans une boule à neige, c'est uniforme mais bien lumineux, étrange sensation.
Pour la nuit Ber prend un ris, le vent a vraiment tourné, cap à l'est... 80°.
La nuit est noire, seule se dessine l'écume le long du bateau grâce aux lumières du mât, on ne voit pas l'horizon. Il fait vraiment tout noir. Le bateau gîte sacrément. À demain !
En 24h 115mn, moyenne à 4,8n.
Note de Ber : (*) "irmat" en fait s'écrit "Yec'hed mat", c'est du breton, devinez ce que ça signifie...
Jeudi 16 juillet
Depuis 9h, moteur éteint, on va aussi vite toutes voiles dehors.
Les matelot.e.s sont décalés, ils se lèvent tard. Bavardage de pont et il est rapidement l'heure de manger.
Apéro, quoi Cam boit de l'eau ? Heureusement que l'équipage est tolèrant, sinon ça aurait corvées supplémentaires pour cette jeune mousse récalcitrante... Bref salade taboulé. Qu'est-ce qu'on aperçoit à 100m, une horde d'une quinzaine de dauphins bicolores. En tapant des mains pour les appeler, quelques uns détournent leur route pour venir jouer à l'avant du bateau. Comme ils sont beaux !
Après manger, Aurel nettoie les équipets du cockpit pendant que Cam lui récite ces leçons d'expressions espagnoles. Le vent tend à tourner, on empanne après la sieste de Ber. Nous sommes donc à présent bâbord amure avec un petit 6n de vent, grand largue, grand voile et génois tangonné. Ber questionne : ¿ Z'avez vu des bêtes ? Aurel tourne la tête et s'écrit « une tortue ! » nous sommes gâtés !
Ce soir on invente un Osso Bucco façon Cypraea, mais avant lecture du 'Dernier Mousse' de Coloane. Nous aimons ces histoires houleuses de navire: mât de misaine, perroquets, coutelas, hune, bossoirs, dunette, cauquiles, écubier, mât de beaupré, écoutilles, corvette, gréement... Allez on révise!
Pour la 2ème fois de la journée 6 dauphins se pavanent à la proue. Joli couché du soleil sur le pont mais avant on sort la trinquette et hop, on gagne 1 n de vitesse.
Le spectacle continue cette nuit entre l'observation de la comète, sa traînée est démesurée elle s'élève vers le ciel... et celui des dauphins, avec ça on fait même des rab de quart !
Comète Néowise
En 24h, 115mn. Moyenne à 4,8n.
Mercredi 15 juillet,
Rien de mieux que de commencer la journée sur une bonne discussion de type « communication non violente » pour libérer les tensions. Fiou... Ça secoue les émotions tout ça. Ce qui rend un équipage plus fort c'est justement d'avoir des coups durs, de pouvoir se dire les choses et de s'écouter sincèrement . Après tout, on ne se rencontre pas par hasard, c'est bien pour travailler sur nous. Rien de tel qu'un bon apéro pour détendre tout ça et nous revoilà reparti sur de bonnes bases. Santé ! Irmat ! Kanpaï ! Salud ! Tchin ! Nasdrovia ! Aurel au platine nous concocte une fondue de poireau avec notre barracuda poêlé, quel délice ! Cypraea reprend vie entre couture et lessive, rien de mieux qu'un bon coup de propre.
Catégorie Observation : Vu pétrel tempête ! « Qui dit Puffins groupés dit dauphins en chasse » , ces derniers ne manquent pas de nous faire de jolis sauts avant de reprendre leur activités. Ce sont des dauphins bi-gout (blanc dessous, bleu dessus).
Au dîner, Ber nous cuisine un délicieux gratin de chou fleur.
Après manger, le moment que nous avions tant redouté, le vent fléchi, obligé de mettre le moteur. Cap au 10°. On rentre le génois, quand à la grand voile, elle soulage un poil.
En 24h, 117mn. Moyenne à 4,8n.
Vous savez comme il est difficile de raconter des situations rares et magnifiques. Je vous dresse le tableau. Il fait nuit, le ciel est nuageux d'un gris trouble, la mer d'un bleu tellement sombre qu'on la discerne noire, parsemée de petits flash lumineux comme savent si bien le faire les poulpes la nuit. Il est 1h, pas de vent, pas de lumière du ciel. Pendant mon quart je décide de me poster en proue, assise, regardant la ligne d'horizon. Et soudain de part et d'autre de Cypraea, 1, 2, 3, 4 dauphins sillonnent l'eau vêtus de leur combinaison phosphorescente... Ils nageaient telles des torpilles et le plancton s'illuminait à leur contact. Je distinguais absolument chaque détails de leur silhouette luminescente. Je n'avais jamais vu un spectacle aussi beau. Leur traînée filait à toute allure, des ronds dans l'eau, telles des étoiles filantes à la recherche de leur destination. Ils sautaient, à mes pieds, chantaient, tourbillonnaient. Un rêve éveillé. Merci.
Mardi 14 juillet,
J'ai mal à la tête, un mal de mer me guette... Encore un coup des émotions tout ça. Je me sens tendue depuis le départ. Notre équipage est en crise. Après le divine Idylle, nous avons passé le cap de la désillusion, il est donc l'heure de ce que l'on nomme "le temps des complexité". 3 étapes incontournables dans une dynamique de groupe. Nous nous sommes connus, nous nous sommes reconnus, il faut donc à présent composer avec nos 3 caractères finalement assez similaires. Chacun.e avec son égo et son esprit de contradiction, va-t-on réussir crever l'abcès pour que l'on puisse retrouver notre apogée amicale, la fraiche douceur de notre rencontre? J'en suis sûre !
Grasse matinée des matelot.e.s pendant le quart de Ber. Nous sommes sur des rails. Au régulateur d'allure. Et ravis d'avancer aussi bien ! Tribord amure, vent de travers, avec 10n de vent, on fait du 6,5n.
Ber nous enseigne sur l'ordi, la route et la stratégie prévue pour cette dernière nav... Toujours incertaine, à cause de cet immense anticyclone, heureusement que nous avons notre routeur Laurian.
Route et trace du Cypraea - Transat Açores France
À midi c'est tartare de Barracuda, salade et Far Breton maison.
RAS pour l'après midi qui passe relativement vite. Sacrée houle et beau soleil, même si on sent que ça se rafraîchi.
Ce soir c'est courgettes farcies... Sauvées in-extremis d'une gîte houleuse, nous oublions l'idée du four... Elles finiront à la cocotte minute, et eurent beaucoup de succès. Nous en avons oublié la fête nationale. Alors après dîner, devant le feu d'artifice de nuage, nous fredonenons la marseillaise, main sur le cœur.
Bien rodés pour nos quarts de nuit, ils sont agréables, surtout avec ce ciel si dégagé, Neowise, étoiles, satellites, lumières qui clignotent, voie lactée, planètes... Merci.
134mn en 24h, 5,6n de moyenne.
Lundi 13 juillet 2020,
Préparation du bateau, courses, pleins de gasoil et à 12h on est parti.
En sortant du port on a repéré un pêcheur dont la prise a filé: pas une seconde à perde on déroule la ligne ! Et hop: un Barracuda, bien long et tigré.
Sous le vent de l'île on marche au moteur. Ça nous permet de manger notre petite salade !
14h le vent se lève. Ouf on peut hisser la grand voile et dérouler le génois.
D'après les grib météo nous devrons faire pleins nord pendant 4 jours pour contourner l'anticyclone, donc cap au 0°, tribord amure, vent de travers. Cypraea aime ça ! Rapidement nous avançons à presque 6n.
Au bonheur des matelots, nous captions internet jusqu'à 17h.
L'après-midi passe assez vite, Ber débite et met sous vide notre belle prise. Cam sieste. Aurel observe les cétacés qui semblent nous tourner autour, timides de se montrer.
Déjà l'heure du dîner : saucisses au chou, ça nous avait manqué !
Malgré un couché de soleil dans les nuages, un petit trou a permis d'apercevoir un petit rayon vert.
21h30 on commence les quarts. Belle nuit étoilée. 2h30 levé du dernier quart de lune. Vers 4h nous avons pu observer une comète "Neowise", nord nord est avec sa traine, proche de l'horizon (on peut l'observer encore tout le mois de juillet pour les plus curieux).
Un beau début de navigation car en 24h, nous avons parcouru 148mn. Moyenne à 6,1n.
Escales aux Açores du samedi 27 juin au lundi 13 juillet 2020
Il faudra attendre le lundi pour passer le test Covid, et mardi après midi pour les résultats (évidemment négatif, après 3 semaines de navigation confinées)
Retrouvailles avec mes amis Italiens du bateau MAGIC: Lilly et Tonino
Mes gentils équipiers m'ont fait des cadeaux "made in peter café sport"
Camille peint Cypraea dans un univers galactique inspiré de la transat
Pico vu du quai de Horta où se trouve Cypraea
Visite de Pico à une demi heure de Horta par la navette ferry :
La vigne pousse entre les pierres de lave
Un canot de baleinière agé de plus de 100 ans !
Piscine d'eau de mer, nombreuses aux Açores car il y a beaucoup de méduses urtiquantes
Méduses à voile avec les filaments très urtiquants
Pic nic au bord d'un lac situé au bord de la route des crètes
Végétation açorienne
Haie d'Hortensia à profusion
Faial
Il y a plus de vaches que d'habitants sur les îles des Açores
Magnifiques cèdres "Cryptomeria"
Baignade dans une piscine (presque) naturelle
La pointe Nord ouest de Faial
Maisons en pierre de lave
Marché avant de quitter Faial
Sao Jorge
18 km et 750m de dénivellé, ça fait du bien de marcher après 3 semaines de navigation
La dégustation était généreuse et nous achètons une tome de 3kg500
Beaucoup de plantes endémiques aux açores
Encore et toujours les haies d'hortensias
Faja do ouvidor
Baignade dans cette piscine d'eau de mer , complétement naturelle
Terceira
Arrivée à Angra do Heroismo sur l'île de Terceira
Angra do Heroismo
Nous décidons de prendre le bus pour Biscoitos,à l'autre bout de l'île, mais il reste ensuite une dizaine de km à faire en stop pour aller sur le site d'un treck. Stupéfaction, le chauffeur du bus profite de sa pause à Biscoitos pour venir avec une voiture nous y emmener !
Magnifique treck à travers la végétation primaire aux environ de la gruta do natal
Puis nous sommes pris en stop par des italiens qui nous emmènent dans une grotte de 80 mètres de profondeur : Algar do Carvao
et les mêmes italiens nous emmènent au Furnas do Enxofre
Au retour nous sommes pris en stop par le manager de la laiterie d'Angra : 22000 vaches (pour 500 fermiers) produisent en moyenne 7000 litres/an de lait par vache, faites le calcul ! La production est essentiellement exportée au Portugal.
La visite des Açores s'achève, il nous faut se préparer pour la traversée Açores - France qui risque d'être un peu spéciale à cause de l'anticyclone. Affaire à suivre ...
Sur le mont Brasil qui domine Angra do heroismo
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